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Idée libre (1911-1914), éd. de L’ : Cgécaf 0044

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Texte d’André Lorulot (23/10/1885-10/03/1963, ouvrier044645) pour le cinquantenaire de L’Idée libre (L’Idée libre, 50e année, 30e série, n° 1, janvier 1963 = nivôse 169) :

« Notre revue a été fondée en 1911, à Paris. Elle entre donc dans la cinquantième année de son existence.

 » Dès la fin de 1910, j’avais commencé à me préoccuper de son lancement et il me fallut de longs mois de préparation et d’efforts pour mettre sur pieds l’œuvre qui m’était chère.

 » Je voulais créer une revue modeste — et pour cause, étant donné que je ne possédais rigoureusement "rien". Je lançais un appel, sous forme d’une circulaire (que j’imprimais moi-même à des milliers d’exemplaires) et je demandais à nos amis et aux sympathisants de s’abonner et de trouver des abonnements autour d’eux. Le prix de l’abonnement était fixé à trois francs.

 » J’avais pu grouper autour de moi un noyau de collaborateurs sérieux : Han Ryner (qui fut élu "Prince des conteurs", à la même époque) ; Émile Hureau (auteur du Secret de l’univers) ; Manuel Devaldès (qui écrivit de nombreux ouvrages pacifistes, individualistes, néo-malthusiens : La Maternité consciente, etc.) ; Gérard de Lacaze-Duthiers, cet écrivain infatigablement dévoué aux causes les plus belles (nous allons incessamment réimprimer son livre Contre la torture) ; Alfred Naquet, ancien sénateur, auteur de la loi instituant le divorce, ami de Francisco Ferrer ; d’autres : Daubé-Bancel, l’apôtre antialcoolique et antitabagique ; Auguste Forel, que ses merveilleuses études sur les fourmis ont rendus célèbre (et qui écrivit une préface pour ma Barbarie universelle) ; Raphaël Dubois, le sympathique professeur de physiologie générale, disciple de Paul Bert et Claude Bernard ; Alfred Fromentin, ainsi que C.-A. Laisant, qui nous donna également sa collaboration ; le docteur M. Legrain, le grand apôtre de la lutte antialcoolique ; Frédéric Stackelberg ; Vigné d’Octon, etc. Plus tard, vinrent : Henri Barbusse, Joseph Turmel, Sébastien Faure, Dr. Spehl, Dr. Jaworski, Albert Fua, Jean Souvenance, L. Borde, Dr. Herscovici et beaucoup d’autres.

 » Je renonce à énumérer les noms de tous ceux qui m’ont donné des articles au cours de ces cinquantes années. Ils sont vraiment trop nombreux ! Et ils ont appartenu aux horizons les plus variés de la pensée libre, de la philosophie scientifique et même de la politique d’avant-garde.

 » Mon cher ami et collaborateur Jean Bossu avait préparé un Livre d’or de "L’Idée libre", mais la manque d’argent nous a empêchés de le publier, ainsi que tant de choses (hélas !) et je le regrette amèrement. On y trouvait la nomenclature des articles et des sujets traités, succintement analysés, ainsi que des notices biographiques sur nos collaborateurs, avec leurs portraits, la liste de leurs œuvres, etc.

 » Un tel ouvrage, mieux que tout ce que je pourrais dire ici, montrait admirablement l’importance du travail entrepris, ainsi que son caractère foncièrement indépendant et antidogmatique.

 » C’est essentiellement dans cet esprit que j’avais fondé L’Idée libre. Je l’avais précisé dès mes premiers appels. La revue ne serait inféodée à aucun parti, à aucun clan ou chapelle. Elle ne serait pas le reflet de telle ou telle doctrine ni d’un "système" plus ou moins étroit. Son caractère resterait toujours "éclectique" et elle ne refuserait aucune collaboration, et elle apporterait des faits précis, des documents et des textes de valeur. Ce ne serait pas non plus une tribune de dénigrement systématique, ni un club où l’on couperait des cheveux en quatre… Nous apporterions des idées claires, des matériaux de valeur, des éléments susceptibles d’aider à la culture de l’individu, afin de le fortifier dans la lutte nécessaire pour la rénovation et l’émancipation de la société.

 » "L’Idée libre est une véritable mine de documents", nous écrivais le Dr. Legrain, qui demeura à nos côtés jusqu’à sa mort, ainsi que Lacaze, Han Ryner, etc."Cette revue, nous sommes parvenis à la maintenir." J’avais compris, dès 1911, qu’il me serait impossible de couvrir les frais d’une publication aussi "libre" !!

 » C’est pour cette raison que je me suis improvisé imprimeur. Ayant fait l’acquisition de quelques casses de caractères, je composais entièrement mes numéros à la main, avec le concours, parfois, d’un ou deux camarades dévoués.

 » Et puis la guerre est venue… Et la proscription… Tant d’obstacles, de difficultés, d’ennuis de toutes sortes… qu’il serait fastidieux (et superflu) de rappeler.

 » En 1961, notre tentative demeure aussi précaire quen 1911 — avec cette aggravation que j’ai… cinquante années de plus sur les épaules ! Chaque numéro nous laisse un déficit approximatif de huit à dix mille francs (anciens).

 » Pour développer L’Idée libre, il faudrait doubler le chiffre de nos abonnements. Il suffirait, en somme que chaque abonné en trouve un autre…

 » Mais il faudrait aussi que les abonnés apportent un peu plus de régularité dans le réglement de leurs abonnements ! Il n’en est pas toujours ainsi, et cela ne facilite pas ma tâche, bien au contraire.

 » Il faudrait enfin que la "souscription permanent " en faveur de la revue soit alimentée par nos amis d’une façon plus régulière… et plus copieuse ! Cela nous aiderait à combler le déficit, ainsi que les ventes de librairie, dont tous les bénéfices sont absorbés pour la vie de L’Idée libre. Aussi, sommes-nous très reconnaissants à tous ceux qui nous réservent leurs commandes de livres et nous nous efforçons de leur procurer des ouvrages très intéressants — à des prix aussi avantageux que possible.

 » Nous espérons que notre "Cinquantenaire" incitera nos amis et nos sympathisants, à nous aider par tous les moyens possibles et nous les en remercions à l’avance bien fraternellement.

 » Nous leurs annonçons, d’autre part, qu’il est question d’organiser un amical bnaquet de commémoration, auquel tous nos lecteurs sont invités à assister. D’ores et déjà, plusieurs amis de province nous ont promis de venir à Paris à cette occasion et nous espérons que ce projet pourra être réalisé (le 25 février). nous en reparlerons !

 » Aidez-nous à maintenir en vie notre chère Idée libre ! À imprimer les volumes en préparation : Le Christianisme dévoilé ; La Torture à travers les âges ; L’Église et la guerre

 » Aidez-nous à poursuivre… notre chemin ! C’est la dernière étape ! Nous ignorons si elle sera longue… Mais il dépend de vous quelle soit aussi féconde que possible ! Merci…

André Lorulot  »

« Les éditions de L’Idée libre ont eu successivement pour adresse : 16, rue de Bagnolet à Romainville, puis à partir de 1912 : 74, rue Compans, Paris. [...] L’adresse de Romainville était également celle de la Librairie internationaliste et du journal L’Anarchie (de juin 1910 à octobre 1911). » : Bi 0809.

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Articles liés au mot-clé

L’Individualisme anarchiste et le communisme

Lorulot, André. — L’Individualisme anarchiste et le communisme. — Romainville : Idée libre, 1911. — 24 p.


A mon frère le paysan

Reclus, Élisée. — À mon frère le paysan. — Paris : L’Idée libre, 1912. — 15 p. ; 16 cm.


Cris de haine, paroles d’amour

Légeret, Achille. — Cris de haine, paroles d’amour : prose ryhtmée. — [Romainville] : Idée libre, 1912. — 16 p.

Devait aussi paraitre comme n° 9 des Publications de L’Idée libre, vers 1919 (semble n’être pas paru). Une édition précédente est parue en 1905 (Cris de haine, paroles d’amour : prose rythmée, impr. ouvrière du Centre, 16 p.).


Le Travail antisocial et les mouvements utiles

Libertad, Albert. — Le Travail antisocial et les mouvements utiles. — [Romainville ?] : Idée libre [abonnement à la Libr. internationaliste], ca1912. — 36 p. ; 18 cm.


La Vie nomade

Lorulot, André. — La Vie nomade. — Romainville : Idée libre, [1912]. — 24 p.


La Vie nomade

Lorulot, André. — La Vie nomade. — [Romainville : Librairie internationaliste : Idée libre, 1912]. — 24 p.


Les Vrais bandits

Lorulot, André. — Les Vrais bandits. — Paris : Idée libre, 1912. — 24 p.


Almanach des ennemis de l’autorité, 1913

Almanach des ennemis de l’autorité, 1913 . — Paris : Idée libre, 1912. — 64 p. : ill.

localisation : chs

Contient : La Mesure du temps ; Esquisse de climatologie terrestre / Frédéric Stackelberg. J’ai tué / Michel Corday. Les Anarchistes et le problème social (résumé d’une conférence faite, en janvier 1912, à l’U.P. du Faubourg St-Antoine) / André Lorulot. Les Bandits / Fernand Paez. Crétinopolis / Charles Malato. Des Cris sous la meule ; Le Numéro 60 / Manuel Devaldès. Maternité / R. Lanoff sur une mus. Picquet ; Brigandage et civilisation / Léon Riotor ; Les Oiseaux de passage) / Jean Richepin. Ce qu’on verra en 1913 / Fleur de gale. Le Triomphe de la brute / Sébastien Faure. Une Bombe au beuglant / Louis Lemas. Ill. : E. Petit-Strix, série anonyme sur Les Vrais bandits, Gravelle, Sug-Petih ?…


Contre les dogmes

Ryner, Han. — Contre les dogmes. — Paris : Idée libre, 1913. — 15 p. ; 16 cm.


Dégénérés sociaux

Fromentin, A. — Dégénérés sociaux / ill. Strix — Paris : Idée libre, 1913. — 12 p.

Rééd. comme n° 26 des publications de L’Idée libre (1926).

Paru dans la revue L’Idée libre : première série, deuxième année, n° 13 (décembre 1912), n° 14 (janvier 1913), n° 15 (février 1913).


Dieu n’existe pas

Elmassian, Dikran. — Dieu n’existe pas. — Eaubonne : Idée libre, [1911 ou 1913]. — 8 p.


Inanité des réformes fiscales

Naquet, Alfred. — L’Inanité des réformes fiscales. — Paris : Idée libre, 1913. — 12 p.


Pourquoi j’ai cambriolé : déclaration devant la cour d’assises de la Somme

Jacob, A. [Marius]. — Pourquoi j’ai cambriolé : déclaration devant la cour d’assises de la Somme. — Paris : Idée libre, 1913. — 8 p.


Procréation consciente

Lorulot, André. — Procréation consciente. — Paris : Idée libre, 1913. — 8 p.


Tu ne tueras point

Tolstoï, Léon. — Tu ne tueras point. — Eaubonne : Idée libre, 1914. — 8 p.


A bas le vote !

Petit-Strix, Eugène. — À bas le vote !. — Eaubonne : Idée libre, 1914. — 8 p. ; x p. — (La Brochure illustrée ; 1).